Archéologie aérienne J. Dassié. Climatologie

Climatologie : le bilan hydrique.

       La page précédente montrait combien la visibilité des signes révélateurs était tributaire de l'humidité présente dans le sol.
Nous avons depuis 1977 formulé le "Bilan Hydrique Intégré", indice caractéristique des réserves d'eau (Bib.). Cette grandeur,
d'application régionale, permet, par une extrapolation facile, une certaine prévision des périodes les plus favorables aux
prospections. Mais il existe une méthode encore plus simple : l'enregistrement du niveau de la nappe phréatique (mesure de
la profondeur de la surface de l'eau dans un puits).
Ce n'est pas la valeur intrinsèque obtenue, très différente selon la situation
du puits, mais ses variations, qui, traduites en courbes avec un ordinateur, permettent une extrapolation visuelle immédiate.

L'exemple ci-après en constitue une bonne illustration.

  

 Les variations du niveau de la nappe phréatique à Gémozac CM, en 1998-1999.
(Nous faisons commencer l'année hydrique au 1er Novembre)

       La grande remontée annuelle a commencé début Novembre et s'est poursuivie jusqu'en fin Février. Elle a toutefois été insuffisante pour
        reconstituer complètement les réserves hydriques. Courbe rouge. Aucun indice n'est visible dans des sols saturés d'eau en surface.
De Mars à la mi-Avril, un régime anticyclonique maintient un temps sec et ensoleillé. Absence de pluie, températures diurnes élevées :

le niveau de la nappe phréatique redescend en suivant une décroissance parfaitement exponentielle. Fin Avril les graminées
commences à souffrir de sécheresse et les indices révélateurs apparaissent. Les pluies d'Avril provoquent une forte remontée
qui vient tout compromettre. Tout le mois de mai, de très faibles précipitations suffisent à alimenter la végétation sans
faire remonter la nappe phréatique. Les céréales parfaitement alimentées, ne souffrent pas et n'offrent aucun signes
révélateurs. Il faudra attendre la mi-juin pour retrouver de bonnes conditions de visibilité des indices archéologiques.
Après les blés et orges, ce sont les maïs, tournesols et tabacs qui prendront la relève et fournironnt des indices.

      Une question est souvent posée : "Quelles sont les périodes les plus favorables aux prospections aériennes ?"
Cela dépend bien sûr des années, mais on peut résumer les observation moyennes sous forme d'un diagramme :
 

      On remarque les remontées de découvertes dues aux tempètes de Février, mais surtout la grande période de maturation différentielle des céréales, avec son paroxysme de la troisième décade de Juin. Ces constatations ont été  effectuées sur une période de trente ans environs. Elles sont valables pour le sud Poitou-Charentes. Mais qu'en est-il en fonction des années ? Là, des différences apparaissent, bien mises en évidence par l'image suivante :

  

      Nota L'image est auto-explicite, à l'exception de la période 1977-1984 où la baisse des découvertes était due à l'absence du prospecteur, très souvent en voyages professionnels à l'étranger. L'extraordinaire sécheresse de Juin 1976 est ici particulièrement évidente. D'autres courbes peuvent présenter de l'intérêt : les période d'accumulation et de déperdition des réserves hydriques

 

      On voit nettement que la grande remontée annuelle ne s'effectue pas à date fixe, mais peut s'étaler en fonction des années, sur une période de 4 à 5 mois. 

      Il en est de même pour les périodes de sécheresse, avec toutefois un regroupement spectaculaire en fin d'été.


      Cette courbe est très intéressante car elle constitue la démonstration évidente de la parfaite corrélation existante entre la sécheresse et l'apparition des indices archéologiques. Quand la sécheresse est élevée et que la végétation souffre, c'est là qu'elle traduit le mieux cette souffrance par des différences de taille, de coloration ou de jaunissement.  Par ailleurs les années se suivent et ne se ressemblent absolument pas. Il est intéressant de montrer un groupe comparatif de courbes présentant des années caractéristiques extrêmes:

 

1982 : Courbe en bleu foncé. Le niveau de la nappe phréatique monte jusqu'au moment ou il ne peut monter plus haut sans s'étaler à travers la campagne ! C'est une période de grandes inondations.

1988 : Courbe en bleu clair. Illustration parfaite d'un printemps et d'un été "pourris". On a le sentiment qu'il pleut tout le temps, même si c'est inexact. Mauvaise année pour les prospections !

1976 : Courbe jaune. L'année du siècle pour le prospecteur aérien, le cultivateur et le contribuable... Mais pas exactement pour les mêmes raisons !

1998 : Courbe rouge : Un début d'année prometteur, avec de très bons résultats dès le mois de mars. La remontée d'avril est venue compromettre ce bon départ que l'amorce de sécheresse de mai semble  
           vouloir corriger. Mais les résultats ne sont pas bons : il y a trop de réserves d'eau et la végétation ne souffre absolument pas. D'ou des champs de céréales aux reliefs et couleurs parfaitement homogènes.